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Retour sur la saison 2009-2010 par les Grands Témoins du rugby français

L’ASM CLERMONT AUVERGNE championne de France après 11 finales disputées, Agen et La Rochelle en Top 14 Orange, des champions qui restent à designer dans les compétitions amateurs, la Tournée du XV de France dans l’hémisphère Sud, le Mondial de l’équipe de France des moins de 20 ans, l’équipe de France féminine qui prépare sa Coupe du Monde…l’actualité rugbystique ne s’arrête pas. C’est pour cette raison que Tech XV vous propose, au cours des semaines à venir, un large tour d’horizon du rugby Français à travers le témoignage de ses principaux acteurs.

Aubin HUEBER (entraîneur du Rugby Club Toulonnais) : « Grâce à la nouvelle formule du Top 14, on a senti une émulation à tous les étages de notre championnat et ce tout au long de la saison. Le charme des phases finales a été dopé par les matches de barrages. C’est le vrai point positif d’une saison qui a permis au Top 14 de tirer le rugby Français vers le haut. L’apport de joueurs étrangers de talent, a lui aussi contribué à rehausser le niveau de la compétition. Reste que pour éviter que l’enjeu ne prenne indéfiniment le pas sur le jeu, il serait bon, deux avant la Coupe du Monde de ne plus autoriser ni descente, ni montée. Cela aurait pour effet de libérer les équipes et de permettre à notre rugby de retrouver son identité : le jeu d’attaque ! En tant qu’ancien demi de mêlée, je voudrai tirer un coup de chapeau à Morgan PARRA ; j’ai la conviction que nous avons là un joueur rare, un compétiteur hors norme, en un mot un patron ! Il ya bien longtemps que nous n’avions pas eu en France un n° 9 de cette trempe. »

Jean-Claude SKRELA (Directeur Technique National) : « L’ASM est un beau champion. J’ai trouvé cette équipe très forte mentalement et ce Brennus récompense les 5 ou 6 dernières saisons de ce groupe et de ce public en or ! En revanche les Catalans sont apparus fébriles et manquant de rythme. Ce qui m’amène à formuler un bémol quant à la nouvelle formule de championnat. C’est vrai qu’elle a engendré une compétition attrayante, mais bizarrement, elle pénalise les équipes qualifiées directement. En fait l’idéal, serait pour un club d’être à la fois qualifié directement en championnat et en demi-finale de la H CUP pour pouvoir jouer plus harmonieusement sur les deux tableaux ou bien de n’avoir que le championnat à disputer barrages compris. Devoir disputer parallèlement les barrages et la HCUP, c’est impossible on l’a constaté avec le Stade Toulousain ; et n’être qualifié directement qu’en championnat comme l’USAP, c’est être contraint à une certaine inactivité pendant trois semaines ce qui est à mon sens très pénalisant. On en a eu l’illustration en finale avec un USAP fébrile et un Clermont bien dans le rythme depuis les barrages. En résumé cette formule est attractive mais elle a du mal à s’inscrire dans le double calendrier Top 14/HCUP. Au plan international, en tout cas Européen, j’ai la conviction que le rugby Français a retrouvé un statut de patron. Le Grand Chelem et la HCUP attestent de la très bonne santé de notre rugby. Il y a également un vrai état d’esprit collectif qui anime l’équipe nationale et à 15 mois de la Coupe du Monde c’est très encourageant. Il faut souhaiter simplement que notre XV de France soit épargné par les blessures car dés la rentrée de septembre on va rentrer dans le compte à rebours. »

Didier MENE (président de la Commission Centrale des arbitres) : « Je voudrai revenir sur l’actualité immédiate et sur l’excellent arbitrage de Christophe BERDOS lors de la finale USAP/ ASM CLERMONT.
Il a été cohérent et rigoureux, notamment sur le jeu au sol ou il a appliqué le standard international. Pourtant il avait beaucoup de pression, pas la mienne, mais bien celle issue de la polémique née du match de barrage Racing Métro/ASM. Christophe sort grandi de cette finale et c’est réconfortant en vue des futures joutes internationales. Il est entrain de jouer sa carte maitresse à un an de la Coupe du Monde où nous n’aurons qu’un ou deux représentants maximum. Sur l’ensemble de la saison la grande majorité des litiges sont issus des jugements des arbitres de touche, plus que des arbitres de champ.
C’est ce que nous allons essayer de régler pour la prochaine saison. Il s’agit de spécialiser l’arbitre de touche mais en l’associant à un arbitre de champ de l’autre côté. Début juillet nous avons une réunion technique avec les entraîneurs et elle est importante, car si on regarde les rapports des arbitres, on se rend compte que beaucoup de problèmes viennent du banc de touche. Les entraîneurs ont de plus en plus de pression et certains réclament, je le sais, un arbitrage professionnel à 100%. Je ne suis pas opposé à cette idée mais le fond du problème reste la formation. On va donc « coacher » nos arbitres de champ du TOP 14 avec trois anciens que sont Eric Darrière, Joël Jutge et Michel Lamoulie. Dispositif équivalent en Prod2 sous la conduite de Joël Dumé Une formation permanente, vidéo à l’appui, afin de faire progresser l’ensemble de notre corps arbitral.

Sylvain DEROEUX : « Le bilan sportif de cette saison est excellent : Grand Chelem, Victoire en H CUP, tests d’automne satisfaisant, un championnat passionnant avec à la conclusion un beau vainqueur, celui du cœur ! Reste le bilan politique, qui à mon sens est bon également. On a en particulier avancé sur le calendrier, sur la relation club/XV de France pour la mise à disposition des joueurs. Cela dit le rugby Français aurait pu se passer du dernier accrochage à propos du rugby à VII et de la Tournée du XV de France. Ce qui démontre, au passage, que le contexte reste brûlant et qu’un incendie est vite rallumé. En résumé chacune des parties a quand même fait un pas en direction de l’autre et c’est plutôt positif. Personnellement je vais mettre un terme à mes responsabilités au sein de PROVALE après 4 années passionnantes et vraiment enrichissantes. J’ai le sentiment qu’au cours de la décennie qui vient de s’écouler le métier de rugbyman a acquis un statut et une reconnaissance comparable à beaucoup d’autres corporations, et pas que sportives. Désormais nous sommes consultés, écoutés et respectés. C’est un métier à part entière. »