Henri BRONCAN, manager du SC Albi répond aux questions de TECH XV - 22/11/2010
TECH XV : Albi en tête de la PROD2 grâce à votre victoire sur Lyon mais aussi au coup de pouce inattendu de Narbonne qui s’impose à Aurillac. Drôle de scénario !
H.BRONCAN : Faut-il rappeler que Narbonne s’était incliné à domicile face au promu Saint Etienne mi-septembre sur le score de 24 à 15 ? C’est ce championnat qui nous réserve des scénarios très surprenants et très franchement je crois que personne n’est à l’abri d’une surprise, bonne ou mauvaise ! Regardez Carcassonne qui résiste à Begles Bordeaux, cette formation qui nous a littéralement humiliés 47 à 9 lors de la 7e journée. En Prod2 il est vital de ne jamais oublier les deux valeurs fondamentales inhérentes à ce sport : l’humilité et la combativité. Visiblement, les hommes de Christian Labit les ont sans cesse à l’esprit. En fait cette compétition se révèle une excellente école en vue du Top 14.
TECH XV : Des clubs comme Dax et Pau sont en grande difficulté, pourquoi selon vous ?
H.BRONCAN : Pour les Dacquois, l’absence de Mathieu Lievremont est très préjudiciable au rendement de l’équipe. Pour les Palois, c’est plus surprenant car leur réservoir de jeunes joueurs de talent est important. Mais je reste persuadé que toutes les équipes connaitront un passage à vide au cours de la saison. Personne n’est à l’abri je le répète.
TECH XV : La mêlée est elle aussi compliquée à gérer en POD2 qu’en TOP14 ?
H.BRONCAN : Tout autant ! Mais il me parait urgent de tirer la sonnette d’alarme. En trichant de manière presque systématique les piliers creusent petit à petit leur tombe….un peu comme s’ils préparaient leur futur chômage. Quand les Anglo-Saxons perdront patience ils réduiront la mêlée à une simple remise en jeu qui ne nécessitera plus la présence des hommes forts comme nous les connaissons aujourd’hui et depuis quasiment 150 ans. Un métier va disparaître celui des piliers, des joueurs très recherchés, souvent les mieux payés !!!
TECH XV : Votre analyse sur la qualité du jeu en PROD2 et en particulier son animation offensive.
H.BRONCAN : C’est sérieux, appliqué, mais toujours autant crispé et timide dés lors qu’il s’agit de proposer des situations un peu inhabituelles. On vit en permanence sous la menace d’une pénalité dans nos 40 mètres. Les joueurs choisissent l’occupation du terrain par du jeu au pied au détriment de la relance du champ profond qui très souvent pourraient provoquer du danger. C’est le fruit de la pression qui a gagné l’ensemble des clubs professionnels. Les impératifs de résultats, les impératifs financiers, les partenaires à satisfaire, le public à fidéliser etc….. C’est ce climat qui crispe un peu tout le monde, à commencer par les entraîneurs qui par phénomène contagieux transmettent leur prudence excessive à leurs joueurs. En fait, en TOP 14 comme en PROD2, je trouve assez peu de joueurs libérés qui osent tenter des coups. Et ce constat s’applique aussi à l’équipe de France.