Rencontre avec Sylvain Latapie, entraîneur de Montpellier, champion de France du TOP 10 féminin.
TECH XV : Une victoire logique au regard de la saison ?
S. Latapie : Oui, dans la mesure où nous avons terminé en tête la phase régulière avec 10 points d’avance sur Lille notre adversaire en finale. Toujours au plan comptable, nous sommes meilleure attaque et meilleure défense de la saison. Un seul faux pas à domicile face à Lons et un match nul à Lille. 16 victoires sur 18 rencontres. C’est une bonne saison malgré un groupe très hétérogène qui bouge chaque année car Montpellier est une ville qui attire beaucoup. C’est grâce en particulier au climat et surtout à la richesse du milieu universitaire. C’est pour cette dernière raison qu’Aurélie Bailon a signé chez nous cette année car elle a entrepris des études de kiné.
TECH XV : Mais un succès arraché de justesse !
S. Latapie : Les Nordistes viennent mourir à 3 points après leur deuxième essai à la 78ème minute. C’est vrai que la fin du match est assez stressante mais le pied d’Aurélie (15 points) nous a permis de garder cette petite marge. Ce titre, le troisième du club, est intéressant dans la mesure où plusieurs de nos joueuses manquaient d’expérience pour ce niveau mais c’est l’apport du noyau dur de l’équipe qui a fait progresser le groupe. Certes nous ne marquons pas d’essai en finale alors que toute la saison nous avons décroché un maximum de bonus défensif, mais une finale c’est avant tout fait pour être gagné, d’autant que nous avions perdu la précédente. Conséquence positive de ce titre de champion de France, le groupe va quasiment rester stable pour l’an prochain, ce qui va nous autoriser à travailler sur la durée.
TECH XV : Quel bilan du rugby féminin faites vous, au plan national, après 3 années ?
S. Latapie : Incontestablement le niveau de jeu grimpe, mais tous les entraîneurs du TOP 10 sont d’accord pour tirer la sonnette d’alarme par rapport à la santé des joueuses, notamment de nos internationales qui n’ont quasiment pas de plages de repos. Entre les entraînements, les études, le boulot, voire la famille, les filles sont sur la corde raide en permanence. Je rappelle que le rugby féminin de l’élite n’est pas professionnel et que les quelques indemnités de déplacements versées ne peuvent en aucun cas compenser les efforts fournis et les sacrifices consentis. Nous souhaitons, nous les entraîneurs, rencontrer les instances de la FFR pour expliquer cette situation et tenter de trouver ensemble des solutions. Si le TOP 10 doit rester amateur, ce que je peux admettre, il faut quand même que l’on puisse proposer une qualité de vie “ sportive“ à nos filles.